Relancer l’économie à quel prix?

Par Sophie Stival

ArgentUSciel_IS Les titres des journaux et des blogues sont ces jours-ci alarmants, alarmistes, diront certains. « Les États-Unis jouent leur dernière carte » (lesaffaires.com). « Le risque de déflation devrait pousser la Fed à agir» (nouvelobs.com). « Beaucoup d’argent, peu de résultats » (La Presse). « La Banque du Canada revoit ses prévisions de croissance à la baisse» (lesaffaires.com).

La reprise chez nos voisins du Sud se fait désirer, ce qui incite le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) à adopter de nouvelles mesures de relance. Les taux à court terme étant près de 0 %, le seul moyen d’y parvenir consiste à sortir la planche à imprimer des billets, en inondant le marché de liquidités. Un jeu dangereux.


Au Canada
Après avoir haussé trois fois son taux directeur au cours de l’été, la Banque du Canada a décidé ce matin de le maintenir à 1 %. « Les perspectives de l’économie canadienne ont changé », écrit l’institution dans son communiqué de presse. La reprise sera plus graduelle que prévu dans le dernier Rapport sur la politique monétaire (paru en juillet). Et ceci est le reflet d’une reprise mondiale (américaine notamment) plus progressive et des dépenses des ménages plus modestes, explique la Banque centrale.

En clair, ça signifie que l’inflation est bien contenue, voir plus faible qu’anticipée au Canada. Notre économie peut donc rouler sans crainte de surchauffe (écart de production plus important que prévu). Ce qu’il faut comprendre, c’est que la stratégie de la Fed d’assouplir les conditions monétaires (imprimer de l’argent) en rachetant des obligations et autres titres de créances plombera le dollar américain et par le fait même, redonnera des ailes à notre huard canadien. Or, un dollar canadien fort rend nos exportations moins compétitives et freine notre croissance. Rien pour justifier des hausses de taux au Canada dans les mois à venir.

Aux États-Unis
Vincent Delisle, stratège financier chez Scotia Capitaux, doute du succès de ce nouveau programme d’achat de titres de la Fed (lettre à La Presse). L’objectif de ces rachats est de réduire les taux d’intérêt à long terme (les courts étant déjà près de zéro) et de « donner un électrochoc à une reprise jugée anémique ». Le hic c’est que pour relancer la consommation des ménages et des entreprises il manque un ingrédient : la confiance. De même, les données économiques démontrent présentement que les gens se désendettent au lieu de dépenser (taux d’épargne en hausse).

Si les consommateurs ne mènent pas la danse, les fonds spéculatifs (investisseurs institutionnels), eux, s’en donnent à cœur joie. Ils empruntent de l’argent à des taux près de 0% avant de le réinvestir à des taux beaucoup plus élevés dans les pays émergents, dans le jargon financier on appelle ça une « carry trade » ou transaction croisée sur devises.

Par ici la sortie!
« Faire baisser artificiellement les taux d'intérêt pourrait favoriser l'émergence d'autres bulles en forçant la main des investisseurs qui doivent trouver des alternatives aux maigres taux offerts sur le marché obligataire », croit Vincent Delisle. Et c’est sans compter la fameuse guerre des devises qu’entraîne la dévaluation « forcée » du dollar US alimentée par toute cette liquidité qui inonde les marchés. Tous les moyens sont bons pour stimuler la croissance économique…

Les marchés boursiers américains ont connu leur meilleur mois depuis l’automne 1939 (lire article). L’annonce en septembre de ce nouveau plan de relance de la Fed y est certainement pour quelque chose.

«Tout succès à court terme sera néanmoins confronté tôt ou tard à un défi de taille, c'est-à-dire comment et quand déployer une stratégie de sortie. Les incertitudes entourant cette dérive quantitative risquent de maintenir les marchés dans un environnement hautement volatil au cours des prochains mois », termine Vincent Delisle.

Craignez-vous un nouveau ralentissement économique?

 

4 réflexions sur « Relancer l’économie à quel prix? »

  1. Plusieurs facteurs font que l’économie est malade depuis longtemps déjà. Aux USA la dette s’accumule alors que la prépondérance de l’économie américaine s’effrite de mois en mois, ce qui est inquiétant devant la montée de la Chine qui elle devra tôt ou tard faire face à ses problèmes intérieur autrement que par la contrainte policière et politique. La Chine refuse de révaluer sa monaie ce qui place les économies occidentales en état d’infériorité au fur et à mesure que le temps avance.
    Le pouvoir exorbitant des banques américaines est une des causes des différentes crises depuis 1930 et même avant, et le problème ne se règlera pas de si tôt. Le rôle jouer par les JP. Morgan dans la faillite de l’Argentine devrait en faire réfléchir plusieurs, de même que le rôle jouer par la Goldman Sach dans la faillite de la Grèce devrait ouvrir les yeux du gouvernement du Québec.
    La sagesse veut que les États s’endettent le moins possible, et comme on voit au Québec cette sagesse ne nous a pas encore imprégné. Malgré cela la dégradation des finances du Québec se joue aussi à l’extérieur du Québec c’est pourquoi nous subissons des crises dont nous sommes responsable qu’en partie, un monde meilleur ce n’est pas pour bientôt, alors ancrons dans notre esprit un peu de sagesse en contrôlant ce que nous pouvons controler.

  2. Craignez-vous un nouveau ralentissement économique?
    « Ralentissement économique »?!!! Nous nous dirigeons au contraire vers la plus grande dépression économique de l’histoire de l’humanité. Le tout orchestré par les « banksters » internationaux tels les Rothschild, Rockefeller, J.P. Morgan, Goldman Sachs ect.. Nous allons assister à la disparition de la « classe moyenne » et à la tiers-mondialisation des économies occidentales. Notre gouverneur de la banque du Canada, Mark Carney est lui-même un ex-employé de la firme Goldman Sachs, alors faites le lien et « brace yourself ».

  3. Le problème avec les transactions croisées sur devises est que c’est un autre des mécanismes par lequel notre économie aide la Chine…
    Si on avait un bon système pour percevoir les taxes et impôts sur les transferts hors territoire… on aurait une chance de faire fructifier notre avance mais là, on a juste des bienheureux qui cherchent à se remplir les poche, au détriment collectif…
    Notre capitalisme sera une passerelle vers une Chine communiste sans merci.
    Lea argentiers dont parle Infomatch se graissent effectivement…

  4. Pour relancer la croissance, les économistes ne pensent qu’à une seule solution : il faut que les ménages dépensent. C’est le seul modèle économique qu’ils connaissent depuis des décennies.Mais il ne faut pas oublier que la consommation entraine des gaspillages énormes. Les gaspillages entraine la pollution avec toutes ses conséquences. Il est plus que temps de trouver un autre modèle économique. Un modèle plus équitable, plus proche de la nature humaine, plus simple et moins compliqué, un modèle dans lequel l’État joue le rôle qu’il doit jouer cad celui d’un bon et sage père de famille.
    L’argent, (la monnaie) qui circule dans l’économie est comme le sang qui circule dans notre corps. Le sang est chargé d’alimenter toutes les parties de l’organisme pour qu’ils se développent en harmonie. Il ne peut être question de confier la circulation du sang à un organisme extérieur à notre corps qui pertuberait cette distribution harmonieuse. De la même manière, confier la gestion de la circulation monétaire aux banques finit par des déséquilibres dans le fonctionnement de l’économie.

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