Taxer les banques n’est pas la solution

Burse_iStock_000008155888XS Faut-il imposer une taxe bancaire internationale? Plus précisément, faut-il taxer davantage nos banques canadiennes? Qu’on soit ou non d’accord avec cette taxe, il est évident que le présent modèle bancaire mondial est dépassé. Pour éviter une nouvelle crise financière, les comportements risqués des banquiers doivent être découragés. Mais je doute qu’on y arrive en créant un simple fonds d’urgence ou de sauvetage.

D’où est née l’idée de cette taxe bancaire internationale? Comme ce sont les gouvernements (contribuables) qui ont renfloué les banques à coût de milliards lorsqu’elles ont frôlé la faillite en 2008-2009, ces pays veulent éviter d’avoir à payer à nouveau si une nouvelle crise devait éclater. Ce qui est totalement compréhensible. Par contre, si on veut éviter de pénaliser à nouveau les particuliers, mieux vaut adopter des règles plus strictes que d’offrir aux banques une assurance qui couvrirait leurs imprudences.

Au Canada, c’est différent sauf que…
C’est un fait connu, les banques canadiennes se sont mieux tirées d’affaire parce qu’elles sont beaucoup plus réglementées. Bien qu’il soit moins risqué, notre secteur bancaire n’est pas à plaindre au chapitre des profits puisque sa situation de quasi-monopole (clientèle relativement captive) lui permet d’engranger de beaux profits.

Mais ce n’est pas en imposant davantage les banques que l’on diminuera la prise de risque irresponsable. À moins que l’on souhaite taxer explicitement la concentration du secteur bancaire pour financer, par exemple, nos déficits publics. Mais ça, c’est un tout autre débat.

Dans un contexte de mondialisation, les impacts de la crise du crédit ont été ressentis partout sur la planète. Il est alors difficile de pénaliser certaines banques et d’autres pas. Par contre, certains pays ont des règles plus strictes (comme le Canada) et n’ont pas de raison de payer pour les erreurs des autres.

S’inspirer du Comité de Bâle
Comment alors éviter alors une répétition des événements de 2008-2009, où les banques ont été sauvées de la faillite parce qu’elles étaient trop importantes (principe du « too big to fail »)?

Plusieurs s’entendent, et je suis d’accord, pour dire que la meilleure manière de réduire l’utilisation excessive de levier financier des banques, c’est d’établir à l’échelle mondiale des niveaux d’endettement (meilleure capitalisation) et de liquidités plus strictes. La recherche du profit à court terme (liée notamment aux bonis trop généreux si on frappe un coup de circuit) doit être également revue.

Écoutons un peu plus le Comité de Bâle (en Suisse), un groupe constitué de gouverneurs de banques centrales qui proposent des solutions pour augmenter la fiabilité et la sécurité du système financier. Plusieurs de leurs recommandations sont sensées. Ce sont eux qui ont établi une limite minimale de quantité de fonds propres (capital) que doit détenir une banque par rapport aux crédits qu’elle accorde.

Rien n’est parfait puisque la crise a eu lieu, malgré leurs recommandations. Mais en considérant leurs prochaines propositions, on sera toujours mieux avancé que de simplement imposer une taxe bancaire mondiale.  Quelles sont ces propositions? Augmenter substantiellement le coussin (les réserves) que met de côté une banque en cas de pépin. Ceci toucherait directement les montants (le capital) qu’elle peut utiliser pour spéculer sur les marchés financiers.  

Réunion du G20 à Toronto
Ce bras de fer n’est pas terminé. Les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne tiennent à tout prix à cette taxe bancaire (pour renflouer leurs coffres notamment). Le Canada, la Chine et d’autres pays émergents s’y opposent.

Souhaitons qu’au sommet du G20 qui se tiendra à Toronto à la fin du mois, tout ce beau monde s’entende sur une réglementation plus stricte. Espérons que l’on n’ait pas droit à de vaines promesses et de faux serments (sans échéancier et vrai accord contraignant), comme ce fut le cas au Sommet de Copenhague. 

Qu’en pensez-vous? 

11 réflexions sur « Taxer les banques n’est pas la solution »

  1. Arrêtez vos simulacres d’empathie pour les contribuables s’il vous plait !!! Je suis las qu’on cesse sans relâche de protéger les riches au détriment des plus pauvres. Cette taxe bancaire sera proportionnelle au revenu des individus. Donc, plus vous êtes riches et plus le montant sera élevé, d’autant plus que ce sont les riches qui sont en majeurs partie responsables de la dernière crise. À vouloir trop emprunter pour s’en mettre plein les poches on finit par aller trop loin et ça nous retombent dessus. Et à trop vouloir arnaquer les petites gens en leur prêtant des sommes qu’ils n’ont pas les moyens de rembourser la même chose arrive.En tant que petit contribuable, je ne me vois pas assumer le coût de leurs conneries alors avec un pourcentage ça me va parfaitement. Je suis totalement d’accord avec ce principe. En plus ça remet de l’argent volé dans le coffre de l’état en évasion fiscale. C’est une très bonne chose. Enfin des gens qui pensent au peuple !!!

  2. Sophie, il faut pas mélanger différents ratios: une banque peut être limitée à ne pas prêter plus que 95% que ce que les éparganants ont déposé… ce qui laisse une « liquidité » de 5%…
    Le problème d’imposer un rapport entre le capital propre et le capital des épargnants c’est que la banque devrait téléphoner les clients les aviser de retirer leur argent quand la valeur de l’action descend… et aussi rappeler les prêts…
    Too big to fall… Quand le capital propre est à zéro, l’État peut acheter et devenir propriétaire pour continuer les opérations si c’est si critique.
    À la récession dont on semble sortir, c’est surtout les assureurs des banques (Llyod, Fanny Freddy…) qui ont fait défaut et leur défaut a exposé les banques…
    Le gros problème est qu’il y avait trop d’argent dans l’immobilier par rapport au secteur industriel et c’est pas la job des banques d’ajuster cela. Quand le réajustement a eu lieu… les assureurs avaient des garantits insufisantes et çà a tombé à ce niveau.
    Historiquement, les états s’ingéraient avec des trucs comme le taux de la banque central et gardaient l’inflation à l’oeil… Quand l’inflation est de source global, cette politique devient contre-productive.
    L’État pourrait varier son taux en fonction du risque des banques selon le modèle de l’assurance banquaire…
    L’état pourrait aussi faciliter la liquidité dans le domaine industriel sans la facilité dans l’immobilier… soit par mesures fiscales soit aussi à travers des banques spécialisés comme le Banque Fédérale de Dévelopement.
    La BFD était une auge Libérale, cependant… prêts industriels contre kick-back gros et puant à plein nez… petit problème !
    Donc l’économie c’est surtout comment un fonctionnaire en vient à baiser ta femme avec la GRC qui te menace de te mettre en tôle.

  3. Je suis POUR une taxe bancaire! Vivement que les gouvernements taxent ses institutions parasitaires et réinjecte les profits directement dans le système économique ou dans les services publiques.
    Cela me fait penser à la question (biaisée) de la semaine: « Pensez-vous que taxer les banques est LA solution au problèmes financiers? »
    Est-ce LA solution? Non! Mais, c’est UNE des solutions qui doivent être impérativement appliquées!!!
    Le gouvernement Harper, en s’y opposant, prouve encore une fois combien son gouvernement est au banc des nations, le Canada est complètement isolé sur la question face à TOUT l’occident, même les États-Unis! Faut le faire quand même…

  4. @Ernesto
    Les causes de la crise financière sont multiples, vous avez raison. Les banques ne sont pas les seules coupables. Mais ce dont il est question ici, c’est de déterminer le bien-fondé d’une telle taxe. Selon moi, elle ne règle rien et ne constitue qu’une assurance en cas d’imprudence des banquiers. Réduisons plutôt ces imprudences en resserrant le cadre réglementaire.
    Le ratio des fonds propres et le niveau de liquidité d’une banque sont deux concepts différents, mais importants. Ces deux critères permettent de mesurer la solidité financière d’une banque.
    Je vous invite à lire l’extrait suivant qui présente le bilan des banques (tiré de fimarkets.com).
    http://www.fimarkets.com/pages/ratio_solvabilite_mcdonough_cooke.htm#banque
    « (…) La solvabilité d’une banque est donc sa capacité à faire face aux demandes de retrait de ses déposants. Et cela fait partie de la responsabilité des autorités de tutelle, de s’assurer que les banques sont bien aptes à faire face à leurs obligations. Il y va en effet de la stabilité de l’économie tout entière d’un pays.
    Dans l’égalité vue plus haut, on voit que pour pouvoir distribuer davantage de crédit, la banque doit soit collecter davantage de dépôts, au risque de ne pas pouvoir rembourser ceux-ci, soit renforcer ses capitaux propres.
    Or une entreprise se trouve davantage en sécurité si une partie de son actif circulant n’est pas financée par des ressources qui viendront à échéance dans l’année. L’actif présente toujours un caractère aléatoire et donc risqué (en particulier quand il est constitué essentiellement de créances comme pour les banques!), alors que les dettes, elles, sont inéluctables ! c’est pourquoi il faut qu’une partie de l’actif soit financé non pas par des dettes mais par du capital.
    D’autre part si on impose à une banque d’augmenter ses fonds propres elle a plus à perdre en cas de faillite et aura donc tendance à adopter des activités moins risquées.
    Le niveau de fonds propres est garant de la solidité financière de l’entreprise. Les fonds propres sont donc garants de la solvabilité de la banque face aux pertes que les risques pris à l’actif sont susceptibles d’engendrer.
    Pour toutes ces raisons, le ratio de solvabilité, dans le cas des banques, s’exprimait initialement par le rapport du montant des fonds propres au montant des crédits distribués »
    Merci.

  5. Puisqu’elles font tant de profit, pourquoi pas réinvestir dans la société ces milliards. On pourrait transformer leur charte en OSBL. Ceci servirait à la communauté.

  6. Que va-t-il arriver si les banques sont taxées?? Ça va être encore le client/consommateur qui va payer ??? Il est certain que ce n’est pas les banques qui va payer la taxe!!!!!

  7. Il est PLUS que temps de TAXER les Banques. En fait ce sont les banques elle-mêmes ET les transactions des gros clients (exemple, taxer les transactions supérieures à 10 000 $) qui devraient taxées.

  8. La solution serait de poursuivre en justice, d’infliger des peines d’emprisonnement sévères et saisir les biens des « banksters » internationaux qui ont provoqué délibérément la crise pour s’en mettre plein les poches et qui continuent de prendre en otages les gouvernements les uns après les autres afin de privatiser à rabais tout ce qui est viable (ex: Grèce, Espagne, Portugal, Italie…).
    Malheureusement, ceux-ci (banksters) étant les principaux responsables du financement des partis politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche (ex: Goldman-Sachs principal donateur pour la campagne de Barack Obama), pourront jouir à outrance de l’impunité assurée par les « valets » qu’ils ont mis au pouvoir.

  9. LES BANQUES ONT DÉLIBÉRÉMENT PROVOQUÉ LA CRISE
    Une étude réfute la thèse d’un effondrement imprévu du secteur financier dont elles auraient été victimes.
    Washington — Les banques américaines et européennes n’ont pas été des victimes de la crise financière qui a éclaté aux États-Unis en 2008, mais sont coupables de l’avoir délibérément provoquée, a estimé hier une organisation américaine de journalisme d’investigation.
    Le Center for Public Integrity estime à 25 le nombre d’organismes de crédits immobiliers dont les prêts à risques consentis sont à l’origine de la crise du marché immobilier qui a éclaté en 2007 et qui a provoqué la crise économique.
    La plupart de ces organismes étaient détenus par des banques américaines et européennes ou bien n’ont pas pu consentir leurs prêts à risque, appelés subprimes, sans la complaisance des banques, indique l’organisation.
    «Les méga banques qui ont financé l’industrie des subprimes n’ont pas été victimes d’un effondrement imprévu du secteur de la finance, comme elles l’ont parfois dit», indique le directeur exécutif de l’organisation Bill Buzenberg.
    «Ces banques ont, de manière délibérée, facilité le financement des prêts qui menacent maintenant le système financier», ajoute-t-il.
    Cette étude a été publiée alors que la Chambre des représentants américaine devait approuver hier un projet de loi visant à créer une commission d’enquête indépendante pour examiner les causes de la crise économique, sur le modèle de celle instaurée après les attentats du 11 septembre 2001.
    Le Center for Public Integrity a indiqué qu’il avait étudié des données du gouvernement américain portant sur près de 7,2 millions de prêts à risques consentis entre 2005 et 2007, juste avant que la bulle immobilière n’éclate.
    L’étude indique que ces 25 organismes de crédits immobiliers représentaient près de 1000 milliards $US, soit près de 72 % des prêts hypothécaires consentis à des emprunteurs peu solides.
    Au moins 21 des 25 organismes ont été financés par des banques renflouées par le gouvernement américain, et 11 d’entre eux ont payé des sommes importantes pour éviter des poursuites judiciaires pour des abus.
    Quatre de ces organismes ont reçu directement des fonds publics, parmi lesquels l’assureur AIG et la banque Citigroup. Parmi les autres banques citées figurent les Britanniques HSBC et Barclays Bank.
    À titre d’exemple, l’ancien numéro un américain du crédit hypothécaire Countrywide Financial, racheté en 2008 par Bank of America pour lui éviter la faillite, a émis au moins 97,2 milliards $US de prêts à risque, selon l’étude.
    «Les banques ont réalisé d’énormes bénéfices pendant que leurs dirigeants récoltaient des primes conséquentes jusqu’à ce que le marché immobilier s’effondre», indique l’étude.

  10. Les banques font leurs profits grace à nos dépots,multiplié par 100 000 qu’elles ont le droit de nous de nous prêter avec intérets ,bien sur.Leurs profits ne sont pas imposé au pourcentage réel,car elle transfert à des succursales étrangeres comme « pertes.Et en plus elles ont provoquées la crise en étirant « l’élastique du prêt irresponsable »jusqu’à ce qu’il pète. Tout en sachant cela ,elles ont tentées de revendre leurs mauvaises créances en sachant que c’était « game over ».

  11. @Sophie
    Je ne crois pas que la question soit à choisir entre réglementation ou taxe bancaire…
    Dans les 2 cas, on constate l’ingérence de l’État dans ce qui fût du domaine privé… le communisme content se structure d’une façon ou de l’autre…
    Le problème était ailleurs: c’était par exemple le manque de vision, de bonté et d’intelligence de la caisse de dépôt et placement qui en est venu à investir dans les dettes de lave-vaisselles et carte de crédits…
    Règlementation ou taxe revient essentiellement au même… Le modèle de taxe aurait pu encourager le risque car la banque qui fesait 1% de profit sur le capital géré et qui subit une taxe de 1% va mourir alors que celle qui fait 2% va survivre… cependant si le taux de la taxe monte pour la banque qui prend le risque… alors çà devient fonctionnellement égal à une approche réglementaire…
    Donc taxe ou règlementation, çà m’est égal. En faits pourquoi pas imposer TPS et TVQ aux intérêts payées sur les emprunts… tant qu’à y être…
    Le problème étant ailleurs on assiste surtout à un mécanisme d’ingérence de l’État… dont le fonctionnaire percevra un jour le droit du Seigneur!

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