Ce n’est pas nouveau. Quand l’économie va mal, ce sont les jeunes qui écopent. Aujourd’hui, ils n’ont pas de futur. C’est une génération perdue.
Ce sont les mots qu’on emploie pour qualifier toutes ces filles et ces garçons dans la vingtaine et même la trentaine sans emplois ou qui tirent le diable par la queue.
En Europe, aux États-Unis et même au Canada, ces enfants regagnent le nid familial faute de moyen pour payer le loyer. Un effet boomerang qui fait mal également au portefeuille de leurs parents.
Un rapport publié par TD Canada Trust souligne les conséquences de cet effet boomerang, qui vont bien au-delà des chiffres élevés de chômage.
En Europe
Je reviens d’un voyage de trois semaines en Italie où j’ai pu constater à quel point la situation financière des jeunes est précaire
En discutant avec des gens, des amis et de la famille là-bas, j’ai compris que les jeunes sans diplôme ou études supérieures sont particulièrement vulnérables. Ils retournent vivre chez leurs parents. Parfois, on demande carrément à papa et maman de payer une partie du loyer. Ça, c’est quand leurs géniteurs en ont les moyens…
En Espagne, en Grèce, en Italie ou même en France, un diplôme universitaire ne garantit pas d’emploi. Plusieurs sont rentrés au bercail et ce sont leurs parents qui paient les comptes. Les retraités doivent piger dans leurs revenus de pension pour subvenir à ces besoins grandissants.
Chez nous
Selon le sondage mené pour le compte de la TD, près de 20 % des parents canadiens interrogés seraient prêts à compromettre leur situation financière présente et future pour apporter une aide pécuniaire à leur progéniture adulte.
Cette enquête menée par la firme de recherche Environics révèle qu’une majorité de ces parents soutiennent déjà leurs enfants. Les 2155 répondants devaient avoir des enfants adultes qui ne vont plus à l’école. Quelques chiffres :
- 43 % de ces parents les hébergent gratuitement à la maison.
- 29 % les aident à payer de gros achats comme une auto, un ordinateur.
- 23 % défraient une partie des coûts du loyer ou de l’épicerie.
- 20 % contribuent aux remboursements de leurs dettes.
Conseils aux parents
Ces parents doivent garder le contrôle et discuter avec leurs enfants de ce qu’ils sont prêts ou non à assumer, recommande la TD.
L’institution y va de quelques conseils aux parents :
- Discutez franchement et honnêtement avec vos enfants. Ces derniers doivent jouer un rôle actif afin de reprendre en main leur situation financière. Par exemple : contribuer aux dépenses de la maisonnée. On peut demander de l’aide à un conseiller financier, un travailleur social ou un conseiller budgétaire d’une ACEF.
- Payez-vous en premier. Priorisez votre épargne-retraite quand vous êtes au sommet de votre vie active. Sinon, vous risquez de compromettre votre retraite alors que vos enfants ont plusieurs décennies pour reprendre le dessus. L’épargne automatisée dans un compte enregistré ou non est bien sûr à privilégier.
- Budgétez, planifiez votre « générosité ». C’est bien d’aider ses enfants à partir du bon pied dans la vie, mais sans compromettre sa propre santé financière. La meilleure façon de savoir si on peut aider ses enfants, c’est de le budgéter. Avant d’hypothéquer à nouveau sa maison pour ses enfants, mieux vaut en mesurer les conséquences…
- Soyez un modèle, un conseiller financier. Plutôt que d’ouvrir simplement les goussets de votre bourse, jouez un rôle de mentor, de conseiller. Les enfants doivent également planifier leurs dépenses, budgéter et repayer leurs dettes. Il s’agit ici de leur indépendance et surtout, de leur capacité à prendre eux-mêmes leurs décisions et à être pleinement responsables de leurs décisions, souligne la TD.
« Le chômage chez les jeunes est le problème européen le plus pressant », affirmait il y a quelques semaines la chancelière allemande, Angela Merkel.
Chez nous, la situation est peut-être moins dramatique, mais le prix des propriétés et la facilité d’accès au crédit à la consommation posent aussi de sérieux problèmes à certains de nos jeunes. L’éducation financière à l’école et à la maison demeure certainement une voie à privilégier.
Connaissez-vous des jeunes adultes ou des parents qui vivent les conséquences de ce retour à la maison de leurs enfants?