Vous avez été nombreux à commenter le déficit budgétaire grandissant du Québec. Selon vous, c’est la gestion irresponsable des finances publiques de nos gouvernements qui les forcent à hausser les taxes et les impôts de manière toujours plus importante.
Soyons réalistes. Si on gèle les dépenses gouvernementales, sans augmenter les taxes ou les impôts, il faudra hausser certains tarifs ou services publics. Au Québec, ça tourne toujours autour de notre consommation d’hydro-électricité ou… de l’eau. D’où l’éternel débat de l’utilisateur-payeur.
Certains me proposent de tarifer l’eau. Voici l’un de vos commentaires :
« En établissant un coût pour l’utilisation de l’eau (…), on pourrait faire d’une pierre trois coups :
1) source de revenus pour le gouvernement
2) conscientiser les gens quant aux ressources naturelles et
3) protection des ressources naturelles et de l’environnement.
Bien sûr, au début les gens seront frustrés puisqu’ils sont habitués à la gratuité, mais, avec le temps, ils se feraient une raison et la conscience de l’utilisation de nos ressources naturelles deviendrait une de nos valeurs qu’on pourrait inculquer aux générations à venir (…)»
L’eau est considérée par plusieurs comme une ressource non renouvelable puisqu’on la consomme (gaspille) plus rapidement qu’elle ne se reconstitue. Selon le dernier forum mondial de l’eau à Istanbul, 1,1 milliard d’individus n’ont pas accès à de l’eau potable. Mais la création d’une politique internationale de gestion de l’eau est loin d’être chose faite.
L’eau serait le plus grand défi du 3e millénaire. À qui appartient-elle? Tout dépend de sa profondeur. La réglementation par l’État est également confrontée au désir de certains de laisser libre cours au marché (Étude de l’Institut Fraser). Dans ces conditions, l’or bleu peut-il devenir plus précieux que l’or noir (pétrole)? Certainement. Mais encore faut-il savoir le gérer intelligemment.
En Ontario, la situation n’est pas très reluisante. Les compagnies qui mettent l’eau en bouteille le font à très peu de frais. Nestlé (Aberfoyle), par exemple, accapare une bonne partie de ce marché au Canada.
Les bouteilles sont remplies avec de l’eau de source (nappe phréatique ou eau de surface) ou à même les systèmes d’aqueduc comme Coca-Cola et Pepsi (respectivement Dasani et Aquafina). Ces entreprises ne versent que des redevances symboliques au ministère de l’Environnement (3,71 $ par million de litres prélevés).
Au Québec, l’eau courante est gratuite et nous sommes parmi les plus importants consommateurs d’eau au monde avec plus de 400 litres d’eau en moyenne par jour. Le fait que nous possédions plus de 3 % de la réserve mondiale d’eau douce y est sûrement pour quelque chose.
Mais cette ressource disponible en grande quantité (pour combien de temps?) peut sûrement être mise en valeur plus efficacement. J’entends par là gérer l’eau dans une perspective de développement durable (en l’agriculture par exemple).
Il faudrait savoir avant ce que les Québécois veulent faire pour la préserver. Si nous sommes les plus grands utilisateurs d’eau au monde, c’est peut-être parce que nous oublions combien elle est rare ailleurs.