Le manque de main-d’œuvre qualifiée est le nouveau cheval de bataille de Stephen Harper.
Dans le dernier budget fédéral, les conservateurs nous proposent une refonte du programme de formation qui s’approprie des pouvoirs attribués aux provinces en 1997.
Selon Ottawa, les provinces ne font pas bien leur «job» en matière de formation, alors que les pénuries de main-d’œuvre spécialisées s’accentuent. Ceci a soulevé un tollé au Québec qui considère avec raison que c’est une intrusion dans son champ de compétence.
Une récente analyse de la Banque de Montréal (a.m Charts) démontre pourtant que ce manque de main-d’œuvre n’est pas si criant qu’on peut le croire.
Qui dit vrai?
La BMO prend à témoin les résultats du sondage mené auprès des entreprises par la Banque du Canada (Enquête sur les perspectives des entreprises). Je me souviens que ce sondage trimestriel avait bonne réputation auprès des analystes et des économistes quand je travaillais sur les marchés financiers. On le considérait comme fiable.
On nous présente un graphique (cliquez ici pour le voir) qui présente les résultats du sondage au cours des 15 dernières années. Lors du dernier résultat publié en janvier, seulement 25 % des firmes sondées ont signalé des pénuries de main-d’œuvre.
Où se situe la moyenne des 15 dernières années? À 35 %. On est donc pas mal en bas. Rien qui justifie cette refonte nationale d’un programme qui existe depuis 1997!
L’économiste de la BMO, Douglas Porter, en ajoute une couche. Il nous rappelle qu’avec un taux de chômage à 7 %, le pourcentage actuel de 25 % est particulièrement bas.
Dans de pareilles situations, comme en 2004-2005 et en 1999, plus de 40 % des entreprises ont alors signalé des pénuries de main-d’œuvre. Convaincant, non?
Il termine sa démonstration en soulignant que le taux de croissance des salaires annuels autour de 2 % présentement est « étrangement » modéré.
À chacun sa stratégie
Ce chamaillage ne devrait pas nous faire oublier un point important : chaque province vit une situation de l’emploi différente. Les secteurs de pénuries de main-d’œuvre qualifiée ne sont certainement pas les mêmes en Colombie-Britannique qu’au Québec.
Il est donc raisonnable que chaque province déploie ses propres stratégies d’employabilité. Et jusqu’à preuve du contraire, ça fonctionne plutôt bien. Je fais ici référence au dernier rapport annuel du ministère de l’Emploi qui démontre que l’argent d’Ottawa est bien utilisé par Québec (lire l’article de Marie Vastel du Devoir).
Cette leçon d’Ottawa tombe à un drôle de moment. Si le PQ joue bien ses cartes, ça pourrait lui être favorable. Qu’en pensez-vous?
Il est tout à fait logique et normal que les provinces défendent avec acharnement leur juridiction en matière d’emploi. Je ne sais pas jusqu’à quel point les conservateurs ont le staying power pour mener à bout ce power grab. Personnellement, je pense que Harper et son cabinet veulent épater la galerie à l’ouest de Thunder Bay.
ONTABEC est le plus gros récipiendaire de cette manne qui ne l’oublions pas est un transfert indirect gracieuseté du sable bitumineux, qu’aucun québécois ne veut voir comme carburant dans son pick up V8. L’étude d’Emploi Québec m’apparait sérieuse mais ALSAMA sèmera le doute en soulevant le manque d’objectivité.
Les commentaires de Monsieur Bellavance m’ont fait réfléchir par contre. Nous avons un gouvernement minoritaire a Québec mené par le PQ, nous avons encore une fois une sous-représentation à Ottawa, nous sommes majoritaire mais dans l’opposition officielle. Je vous pose la question suivante, vous rappelez-vous la dernière fois que Montréal métropolitain était en plein pouvoir à Ottawa et à Québec. Pas moi ! Le Québec tout entier a choisi le camp perdant au fédéral depuis 1993.
Moi , j ai deja eu des doute ,qu une cie se servait de cette argent pour la formation ,nous forme pour ex …..iso 9001 , apres Qualite total et les 5s ect mais presque jamais pour augmente nos qualification .
se sont de tres bon programme mais ils sont detournee a d autre fin que la formation professionnel plus souvent qu autrement
fiable, peut-être le sondage, mais… la seule source qui va dans ce sens, tandis que d’autres (chambre de commerce, ordre des ingénieurs, étude de cibc, etc.) le contredisent. la bmo détient-elle la vérité, contre tous ? on vit une période de contraction des modes de production traditionnelle. on vit une période de changement profond du profil des qualifications et compétences recherchées, et ça va s’intensifier dans les prochaines années : certains secteurs de fabrication sont en chute libre (papeteries, minières, etc.), mais d’autres émergent. et pour ces autres en émergence, il faut admettre que la main-d’oeuvre qualifiée manque. oui, le sondage de la bmo est sans doute fiable – mais justement, il explore les perceptions des acteurs traditionnels, ceux qui sont en pleine contraction de leurs activités. tandis que d’autres études, qui prennent en considération des modélisations à plus long terme, laissent croire qu’il faudrait réorienter les formations offertes. dans ce contexte, il y a une question qui reste : à quel point c’est légitime de s’emparer de ce pouvoir au fédéral ? mais cette question n’a aucun lien avec le manque ou l’abondance de la main-d’oeuvre. donc, ça prendrait une analyse politique du geste du fédéral, et non une argumentation sur la qualité et la quantité de la main-d’oeuvre disponible sur le marché.