Êtes-vous du genre à acheter de la « vraie » mayonnaise à l’épicerie, du jus d’orange non fait de concentré et 100 % pur, en plus d’arroser vos crêpes avec du « vrai » sirop d’érable? Si oui, vous faites partie (tout comme moi) d’un mouvement qui prend de plus en plus d’ampleur : les chercheurs « d’authenticité ».
Cette tendance de consommation n’est pas seulement liée à ce qu’on mange ou on achète, mais constitue aussi une manière de vivre. Les publicitaires l’ont vite compris et en mettent plein la vue aux consommateurs.
Selon Andrew Potter, l’auteur du livre The Authenticity Hoax : How We Get Lost Finding Ourselves (Le piège de l’authenticité : comment se perdre en se cherchant) au lieu de vouloir se faire remarquer en achetant une auto de luxe ou un gadget inutile, on préfère maintenant vivre des expériences authentiques à tout prix, ce qui rend malheureusement cette quête complètement illusoire.
Voyager « authentique »
D’autres exemples tirés de ce livre? De nos jours, on entendra un ami ou un collègue nous dire « Je n’ai pas seulement été en vacances, j’ai fait un voyage de canot au Costa-Rica ». Un autre lui répondra : « Tant mieux, pour toi. Pour ma part, pendant mes vacances j’ai distribué des pansements dans une tente médicale dans les montagnes du Népal ». On cherchera à « se montrer » sous un jour favorable et montrer qu’on est « moralement supérieur ». Ce qui fait le plus grand bonheur, dans ce cas-ci, des promoteurs écotouristiques.
Le critique du Toronto Star, Geoff Pevere, a beaucoup aimé ce livre. « M. Potter nous explique qu’en cherchant à tout prix à s’entourer d’authenticité, ceci a pour effet pervers de “nourrir la bête” dont nous sommes si craintifs au départ (les publicitaires qui nous font gober n’importe quoi).
La faute d’Internet
Kathryn Blaze du National Post constate que le phénomène s’est accentué avec l’arrivée d’Internet. Avant, la scène indépendante (underground) ou les modes plus marginales occupaient une place importante pour beaucoup de groupes d’individus. Maintenant, tout est immédiatement diffusé sur le Web et il n’y a plus rien de nouveau ou de différent.
De même, l’abondance des réseaux sociaux nous amène parfois à nous demander si on parle « réellement» à la personne que l’on croit. Le monde virtuel et le monde réel sont si indissociables que cette recherche d’authenticité prend alors tout son sens. Pouvons-nous avoir confiance en cette personne, en ce produit?
C’est là où le message publicitaire fraye son chemin pour nous convaincre que ce qui est « vrai» et écolo est de meilleure qualité et digne de confiance. M. Potter explique enfin que « ce qui a bon goût ou nous plaît n’est pas nécessairement ce qui est bon pour l’environnement. Cette mode du vrai à tout prix passera comme toutes les autres.»
Qu’en pensez-vous?