Investir soi-même son épargne. Pourquoi pas? Il existe des milliers de sites qui nous proposent des idées de placement.
Les scandales financiers des dernières années ont encouragé des petits investisseurs à faire tout eux-mêmes. Puisque l’information est disponible sur internet, pourquoi faire confiance à un inconnu? se dit-on.
Une pensée aussi simpliste nie une réalité importante : les investisseurs individuels, aussi rationnels qu’ils puissent l’être, sont susceptibles de se laisser berner par… eux-mêmes.
En finance comportementale, on appelle ça des biais psychologiques. Notre cerveau, nos émotions nous jouent alors des tours. Même des gestionnaires de portefeuilles aguerris se laissent parfois piéger. Alors, imaginez-vous…
Voici quelques-uns de ces biais les plus connus.
Le site d’information et d’analyse financière morningstar.fr en a décortiqué quelques-uns pour nous.
L’excès de confiance
On a souvent tendance à surévaluer nos capacités intellectuelles ou nos compétences par rapport à ce qu'elles sont réellement. Quand on est sûr de quelque chose à 90 %, les études démontrent qu’on a raison dans seulement 70 % des cas, rappelle Morningstar.
Cette confiance excessive pousse certains investisseurs à acheter ou vendre plus rapidement puisqu’ils sont sûrs d’en savoir plus que leur contrepartie. De tels comportements peuvent réduire le rendement puisque les coûts de transaction seront plus élevés (commissions, les pertes liées à l’écart entre le prix demandé et le prix offert). Puisqu’on suit de près ses placements, on a l’illusion de contrôler son environnement.
La mémoire sélective
Généralement, notre mémoire va oublier nos mauvaises transactions, celles qui nous ont coûté une fortune. Tout comme on préféra ne pas se souvenir du bon coup qu’on aurait pu faire si on avait acheté tel actif.
Notre mémoire sera également moins précise à l'égard de nos mauvaises décisions. On se dira que telle transaction n’était pas si mauvaise tout compte fait… On aura aussi tendance à donner plus de poids à de récents résultats qu’à ceux plus lointains.
L’aversion au risque
Même si notre portefeuille de placements génère des rendements positifs dans son ensemble, on aura tendance à faire une fixation sur notre position qui perd de l’argent. Cette aversion au risque est également liée au sentiment de regret que nous ressentons. On regrette que le titre baisse alors qu’on l’avait sélectionné pour les bonnes raisons.
Le danger, c’est qu’on décide de vendre dans le bas du marché, au lieu d’en racheter à des prix historiquement bas, par exemple.
Enfin, la douleur de perdre est plus grande que le plaisir ressenti lorsqu'on gagne de l’argent. Pour éviter de « prendre sa perte », on ne vendra pas sa position déficitaire. C’est trop pénible… On espère vainement que la situation se renverse.
Le comportement de mouton
Le petit investisseur qui gère à temps partiel son épargne ne peut connaître toutes les options d’investissement, ni tous les titres disponibles sur les marchés. On fait donc un tri dans toute l’information disponible. On se fie aux médias, à certains analystes. Les rendements passés nous font envie.
La gestion de portefeuille doit se baser sur des données factuelles et fondamentales, rappelle Morningstar. Répliquer les choix d’autres investisseurs ou se fier simplement aux mouvements de la bourse nous procure une fausse sécurité et peut nous jouer de vilains tours.
Investir soi-même son épargne n’est pas un jeu d’enfant. Ça prend de la discipline, de la rigueur et surtout, de solides connaissances financières, sans oublier une bonne conscience de nos schémas de pensée.
Qui gère votre épargne? Croyez-vous à la valeur ajoutée d’un conseiller financier?