L’entreprise du Dr Julien: payer pour récolter

Budget_iStock_000000570399X Plusieurs, comme moi, ont été surpris d’apprendre que la fondation du pédiatre Gilles Julien éprouvait de sérieuses difficultés financières. Il est vrai que les Québécois sont sensibles à l’organisation du Dr Julien, qui aide les enfants de familles défavorisées à progresser vers l’âge adulte en évitant notamment le décrochage scolaire grâce à du soutien de la famille, de l’école et de la communauté.

Dr Julien compte présentement sur des appuis financiers de taille. Il amasse depuis quelques années des fonds privés (population, entreprises et fondations) importants grâce à sa guignolée et à diverses activités-bénéfices. Comment alors en est-on arrivé là?

Se pourrait-il que, comme n’importe quelle petite entreprise qui connaît beaucoup de succès et qui croît rapidement, son fonds de roulement ait rapidement été à sec? Ajoutons à cela une promesse d’aide gouvernementale qui s’est matérialisée trop tard et ça suffit pour frôler la catastrophe (mises à pied, diminution des services et vente du siège social). Pourtant, cette situation n’a rien de si surprenant.


Les bienfaits de la pédiatrie sociale sont réels. Personne ne le nie. Dr Julien l’a prouvé grâce à son travail remarquable dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Mais on oublie souvent que le quotidien d’une entreprise sociale, c’est de chercher du soutien financier. Et pour « promouvoir et développer la pédiatrie sociale pour le bien-être du plus grand nombre d'enfants possible» (mission de sa fondation), ça coûte beaucoup de sous.

Selon le Dr Julien, son modèle de pédiatrie sociale coûte 3 millions de dollars annuellement (lire l’article du Devoir). Malgré toute l’aide obtenue, un déficit de 900 000 $ s’est creusé. Son conseil d’administration dont font partie des financiers et des gestionnaires de renom (comme Jacques Ménard de Banque de Montréal et Stéphane Lemay de Power Corporation) lui a dit qu’il n’avait plus choix et qu’il devait réduire ses frais.   

Financement récurrent vital

Bien que le gouvernement respecte finalement son engagement de lui verser 1 million de dollars, le projet du Dr Julien d’étendre son modèle de pédiatrie sociale à la grandeur de la province est peu viable sans une aide récurrente. Soyons réalistes. Les nombreux bénévoles et le soutien des entreprises et de la population ne sont pas suffisants et surtout, ne sont pas garantis à long terme.  

En entrevue à Radio-Canada, le Dr Julien a fait remarquer adroitement que le gouvernement subventionne désormais les traitements de procréation assistée, alors qu’il se soucie peu des enfants qui sont là et qui sont vulnérables en raison de la pauvreté dans laquelle ils vivent.

Le milieu médical semble l’appuyer (lettre ouverte à La Presse). La population aussi. Alors qu’attend le gouvernement pour entrer dans la vraie ronde? Des enfants bien entourés, qui terminent leur cinquième secondaire et qui se sentent acceptés et à leur place, risquent de rapporter beaucoup plus à long terme à notre société, ne l’oublions pas.

Qu’en pensez-vous?

8 réflexions sur « L’entreprise du Dr Julien: payer pour récolter »

  1. D’accord avec la pédiatrie sociale mais seulement à l’intérieur du système publique sinon si c’est au privé qu’il se débrouille . On n’a pas les moyens de soutenir deux systèmes en parallèle.

  2. Je suis d’accord à 100% de supporter le travail remarquable du Dr Julien. Quelle inconscience de la part du gouvernement d’attendre à la dernière minute extrême avant d’agir. Ces enfants sont bien vivants. Ils sont déjà là. S’en occuper c’est pro-vie. Le système du Dr. Julien les encourage, les valorise en tant qu’être humain vivant dans le but ultime de devenir des citoyens responsables d’ici un avenir très prochain.

  3. Partenariat public-privé en prestation de service… C’est une économie qui cultive l’art de lécher…
    Les moins-bien nanties apprennent à être la sourie qui fait tourner la roue.
    J’aurais préféré un système fiscal simple avec le revenu minimum garantie.
    Le gouvernement tu-toi les BS par principe… traitez des gens de façon indigne et vous serez traité avec mépris aussi.
    Les pauvres, ce n’est que l’opportunité pour les employés d’État d’exprimer leur sado-masochisme.. leur condescendance dans le jargon populaire… condescendance dévoilée par Clotaire Rapaille…

  4. Parlons-en du système public : on paie pour des immigrants, pour faire venir la reine, pour le G8 et le G20, pour les prisionniers, pour de l’aide humanitaire à Haiti etc etc et on n’est même pas capable de payer pour nos propres enfants !!! Pauvres petits gouvernements. Un peuple qui néglige ses enfants ne mérite pas le respect.
    Ce n’est pas faute de bénévoles mais il y a des limites au bénévolat car ce sont encore nous qui en faisons. Les plus riches sont sur les conseils d’administration : beaucoup moins fatiguant ça, une réunion une fois par mois et pour dire : coupez les dépenses.
    Que ce soit privé ou public, on s’en fout. Si le Dr Julien avait facturé toutes ses heures de travail, notre système public n’aurait pu le payer.
    Les enfants sont notre avenir……on s’en prépare un bel !!!!

  5. On aime bien mélanger les choses au Québec: Clothaire Rapaille, les PPP…n’importe quoi!
    Oui a l’implication du secteur privé dans les organismes communautaires (Julien et sa pédiatrie sociale, c’est du communautaire) pour aider aux levés de fonds, pour prêter des locaux, donner de l’expertise en gestion, pour offrir des biens et services aux organismes à but non lucratifs et aussi en donnant de l’argent, tout simplement!
    Je travaille dans le milieu communautaire depuis quinze ans, et le problème du financement n’est pas unique à la pédiatrie sociale, malheureusement! Mais où sont les grandes et riches familles Québécoises(les Chagnon, les Coutu,les Rémillard, les Molson etc.), où sont-ils les gros coorporatifs?… Sortez les gros  »kodak » ou faitent-les passer à  »tout le monde en parle » et la générosité sourira… Pendant ce temps, des gens comme moi, mes collègues du communautaire et bien sûr, le Dr Julien, nous nous demandons si nous pourront ouvrir nos portes demain….. parce qu’une chose est certaine… la misère sera au rendez-vous!

  6. 100% d’accord avec l’ensemble des commentaires ici, oui il faut supporter l’implication du Dr Julien car le système « normal » ben ne marche pas!!! Par contre pour la reine combien ça coûte au Québec cette niaiserie la??? on a pas besoin d’une monarchie au Québec point à la ligne! Le G8 combien le Québec va t-il payer avec les autres provinces pour une réunion qui a fait quoi au juste???? Les appels conférences ils ne connaissent pas ça ou quoi??? Une suggestion pour ces sommets…faites les à Alcatraz, oui oui l’ancienne prison, ainsi vous pouvez être sur qu’aucun dégât ne sera fait aux alentours…..et question sécurité les coûts vont être pas mal moins élevés!!!
    Si on a de l’argent pour ces 2 « évènements » et autres dépenses dont on pourrait se passer, on devrait de un injecter dans le système normal afin d’éviter qu’un organisme communautaire doive « exister » pour palier au manque du système qui nous coûte une fortune mais les résultats ne sont pas toujours la…et de deux aider plus les projets communautaires qui viennent appuyer ce qui se fait déja! En terminant rétablissons certains faits…pour avoir déja oeuvré dans le communautaire côté financement je peux affirmer que les familles « riches » s’impliquent énormément mais ne font pas passer ça en une du journal, ils ne cherchent pas de publicité, juste redonner à la communauté

  7. Mais qu’est-ce donc ce cirque?
    Le Dr Julien n’est pas le dernier des merdeux! Q’on cesse en tant que gouvernement de L,ignorer et qu’on lui donne les subsides qu’il a besoin.. Quelle bande de … que ces hauts fonctionnaires, incapable de dicerner le vrai…du faux

  8. Son projet, D. Lapy, n’a pas le choix que d’être en dehors du système publique existant. Combien d’années et de portes fermées faut-il traverser pour qu’une entreprise innovatrice comme celle du docteur Julien voit le jour dans le système gouvernemental?
    Le docteur Julien a démontré qu’il est un homme d’action et son implantation mérite la continuité et la progression. Les preuves ne sont plus à faire. Qu’est-ce qui freine alors la logique? Selon moi, cela peut être la nature humaine: il suffit d’un seul chef de programme qui soit envieux et une mauvaise volonté s’installe pour empêcher la réussite d’un concept nouveau qui fonctionne mais qui vient de quelqu’un d’autre… Ce n’est qu’une hypothèse, bien sûr.
    Heureusement, le fait que le docteur Julien ait parlé aux médias, dans Le Devoir principalement, a fait bougé les choses. Dommage qu’il faille en arriver là pour que des actions se prennent.

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