Quand le téléphone a sonné à 6 h 30 du matin le 13 octobre, Elinor Ostrom a d’abord cru qu’il s’agissait de la sollicitation. La surprise fut grande lorsque la docteure en science politique a compris qu’elle était la première lauréate féminine du prix Nobel d’économie.
Personne ne pensait que la dame de 76 ans et son compatriote américain Oliver Williamson (77 ans) avaient des chances de se partager ce prix prestigieux (assorti d’une bourse de 1,4 million de dollars). La crise financière de la dernière année y est sûrement pour quelque chose. Les deux chercheurs ont mis en lumière par leurs travaux d’autres façons (bien pratiques) de saisir certains domaines où l’approche économique traditionnelle, plus théorique, a toujours dominé.
La lutte aux changements climatiques en est un bon exemple. Aucun modèle mathématique ne permet présentement d’expliquer le phénomène. Le problème est de taille et des accords internationaux doivent être signés. Mais selon Mme Ostrom, rien n’empêche les communautés locales, de participer à la solution. Les gouvernements (municipalités) devraient encourager de telles initiatives, ajoute-t-elle. Par exemple, trouver de meilleures façons d’utiliser l’énergie solaire ou favoriser le transport en vélo.
En Californie, la question de la rareté de l’eau potable existe depuis des décennies. Et bien, la collectivité a développé des réseaux d’entraide, a mis en place des institutions et une collaboration s’est établie avec l’entreprise privée. Les gens ont eux-mêmes réussi à résoudre une grande part de ces problèmes, sans attendre une réglementation nationale ou supranationale.
« Ces deux lauréats ont porté une attention toute particulière à ce qui se passait dans le vrai monde », a dit l’économiste et ancien étudiant de M. Williamson, Witold Henisz, de la prestigieuse Wharton School.
Ces chercheurs d’expérience ont véritablement vécu leurs recherches sur le terrain. Et leurs constats vont parfois à l’encontre de la théorie économique. Leur octroyer le prix Nobel est non seulement une surprise inattendue, ça envoie aussi au monde entier un nouveau message : et si nous faisions tous partie de la solution?
Qu’en pensez-vous?